LACASSE Joseph (1894-1975)
(Scène Pastorale)
Huile/Toile
vers 1930
Signée et titrée
Dim: 60 x 80 cm.
Provenance : Collection privée
 
Analyse de l'oeuvre:
Ce sujet, scène rurale simple et bucolique, est typique des thèmes que Joseph Lacasse explorait. Réalisée vers 1930, l'œuvre date d'une période où l'artiste développait pleinement son style, mêlant des touches impressionnistes à une palette expressive.
Le tableau évoque une scène emblématique mêlant traditions pastorales, paysages rudes et symbole de résilience insulaire.
La référence à l’Île d’Ouessant, connue pour ses paysages sauvages et son isolement, ajoute une dimension poétique et intemporelle de solitude et de contemplation, invitant le spectateur à réfléchir sur la relation entre l'homme et la nature. L’atmosphère qui s’en dégage traduit à la fois la rudesse de la vie insulaire et une profonde harmonie, capturant ainsi l’essence d’un monde à la fois authentique et fragile.
Représentative des femmes ouessantines, la figure centrale de la bergère incarne une société historiquement matriarcale, où les femmes géraient les terres et les troupeaux en l’absence des hommes partis en mer.
NB: Pas de livraison pour ce lot, uniquement remise en mains propres à la galerie (Paris) 
 
BIOGRAPHIE LACASSE Joseph (1894-1975)
Joseph Lacasse est un artiste belge naturalisé français, né le 5 août 1894 à Tournai (Belgique) et mort le 26 octobre 1975 à Paris (France). Figure pionnière de l’art abstrait, il est reconnu pour son exploration innovante de la lumière et de la couleur, ainsi que pour son parcours artistique marqué par une évolution stylistique audacieuse et un engagement social profond.
Jeunesse et formation
Joseph Lacasse naît dans une famille ouvrière modeste à Tournai. Fils d’un militant socialiste, il grandit dans un milieu marqué par la précarité et commence à travailler jeune comme ouvrier carrier, une expérience qui influencera son œuvre. Retiré de l’école à onze ans, il devient apprenti peintre-décorateur en 1905, tout en suivant des cours à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai dès 1906. Ces premières années d’apprentissage révèlent son talent artistique : dès 1910, il réalise des pastels abstraits inspirés des structures minérales des carrières, comme Étude I (1911), considérés comme parmi les premières œuvres non figuratives en Belgique.
Après la Première Guerre mondiale, Lacasse poursuit sa formation à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles à partir de 1921, où il rencontre Stéphanie Lupsin, qui deviendra son épouse. Ses voyages en Italie, en Espagne et en Bretagne enrichissent son regard et nourrissent son inspiration.
Développement artistique et installation à Paris
En 1925, Lacasse s’installe à Paris, d’abord rue Mazarine, puis à l’Impasse Ronsin, un lieu fréquenté par des artistes d’avant-garde. Il y côtoie des figures majeures comme Constantin Brâncuși et Robert Delaunay, dont l’influence marque son approche de la couleur et de la lumière. Cette période voit son style évoluer du réalisme social, reflet de ses origines ouvrières, vers une abstraction plus affirmée.
En 1933, il fonde la galerie L’Équipe, un espace culturel novateur où il expose ses œuvres aux côtés de celles d’artistes comme Picasso et Lipchitz. Malgré des revers – notamment la destruction de ses fresques réalisées pour la chapelle de Juvisy en 1932 –, Lacasse s’engage pleinement dans l’abstraction, un tournant décisif dans sa carrière.
Carrière et reconnaissance internationale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lacasse se réfugie à Bordeaux, avant de revenir à Paris en 1946, où il obtient la nationalité française. Après une période difficile marquée par le découragement – il détruit alors plus de cent de ses tableaux –, il reprend la peinture, soutenu par ses proches. À partir des années 1950, sa carrière prend une dimension internationale avec des expositions en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
En 1970, sa ville natale, Tournai, lui rend hommage avec une rétrospective, suivie d’autres distinctions, comme la publication d’un ouvrage par le fonds Mercator en 1974.
Une rétrospective posthume au Centre Pompidou en 1982 consacre sa place dans l’histoire de l’art moderne.
Fin de vie et héritage
Joseph Lacasse s’éteint à Paris le 26 octobre 1975, laissant derrière lui une œuvre prolifique et variée. Ses tableaux, sculptures et dessins, conservés dans des institutions prestigieuses comme le Musée National d’Art Moderne de Paris et le Musée des Beaux-Arts de Tournai, témoignent de son talent à transcender les frontières entre figuration et abstraction. Son héritage artistique perdure grâce à sa contribution novatrice à l’art abstrait et à sa capacité à capturer la lumière de manière unique.
Joseph Lacasse reste une figure clé de l’art moderne, autant pour son audace stylistique que pour son parcours personnel, reflet d’une vie dédiée à l’art et à l’expression de ses convictions.